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  • Société

Les symboles nazis devraient finalement être interdits

11.04.2025 – Susanne Wenger

Sous la pression du Parlement, le gouvernement national suisse présente une loi par laquelle l’utilisation publique de symboles tels que la croix gammée ou le salut hitlérien sera interdite à brève échéance

Aujourd’hui, l’utilisation publique d’un symbole national-socialiste n’est punissable que si elle est liée à un objectif de propagande ou qu’elle rabaisse un groupe de personnes. Désormais, il est prévu que même la simple exhibition de tels symboles soit interdite, et punissable d’une amende de 200 francs. C’est ce que prévoit une loi spéciale que le Conseil fédéral a mise en consultation à la fin de 2024. Il donne ainsi suite à des initiatives émanant du Parlement, qui ont mis sous une pression croissante le droit en vigueur. En 2022, par la voix de Ralph Steigrad qui y siège, le Conseil des Suisses de l’étranger a lui aussi demandé que cette lacune législative soit comblée (cf. «Revue Suisse» 3/2022).

«Ces symboles de haine, d’intolérance et de souffrance doivent disparaître de l’espace public.»

Beat Jans, ministre de la justice

Ce projet de loi marque un revirement dans la politique du Conseil fédéral, qui, il y a quelques années encore, pensait que la liberté d’expression devait aussi s’accommoder des idées dérangeantes et que la prévention était préférable à la répression pour lutter contre l’antisémitisme. Mais la situation a changé, comme le note le gouvernement dans son rapport relatif à la consultation: on voit davantage de symboles nazis dans l’espace public, surtout depuis l’attaque terroriste contre Israël le 7 octobre 2023 et le début de la guerre à Gaza. Les actes à caractère antisémite, allant des tags de croix gammées aux voies de fait contre les juifs, ont nettement augmenté.

«La société doit émettre un signal»

D’après le Conseil fédéral, ces symboles reflètent l’ère fasciste, l’Holocauste et la persécution de minorités. «Ce sont des symboles de haine, d’intolérance et de souffrance, et ils doivent disparaître de l’espace public», a déclaré devant les médias le ministre de la justice, Beat Jans, en soulignant que la société devait désormais émettre un signal clair. L’interdiction frappera les symboles nazis évidents, tels que la croix gammée et le salut hitlérien, mais aussi – selon le contexte, a précisé le ministre – leurs variations, comme les combinaisons de chiffres «18» et «88». La loi prévoit des exceptions à cette interdiction à des fins éducatives, scientifiques, artistiques ou journalistiques. Les symboles religieux existants, notamment hindouistes, qui ressemblent à la croix gammée, ne seront pas interdits.

 

Le projet de loi répond notamment à une demande formulée par Ralph Steigrad, membre du Conseil des Suisses de l’étranger. Photo MAD

La conseillère aux États Marianne Binder lutte depuis des années pour la tolérance zéro face aux symboles nazis. Elle juge les amendes prévues trop clémentes. Photo parlament.ch

«La société doit désormais émettre un signal clair», a déclaré le conseiller fédéral Beat Jans en parlant de l’interdiction des symboles nazis. Photo parlament.ch

Au Parlement, c’est la conseillère aux États argovienne centriste Marianne Binder qui plaide depuis le plus longtemps pour la tolérance zéro face aux symboles nazis. Elle salue le projet du Conseil fédéral et a déclaré à la «Revue Suisse» que l’état de droit ne devait en aucun cas tolérer la glorification ou la banalisation de l’époque nazie et son «idéologie malsaine». Marianne Binder considère que la sanction sous la forme d’amendes est une «mesure rapide et efficace», tout en jugeant le montant de 200 francs «trop clément». La parlementaire, dont la grand-mère Paulina Borner a hébergé des fugitifs juifs à l’hôtel «Rosenlaube» à Baden durant la Seconde Guerre mondiale, estime en outre que les contrevenants devraient se voir imposer des cours d’histoire de rattrapage. En interdisant les symboles nazis, dit-elle, la Suisse émettrait un signal fort, à une époque où «l’idéologie autocratique redevient fréquentable».

La consultation sur la nouvelle loi spéciale court jusqu’à la fin de mars, après la clôture de la rédaction de la «Revue Suisse». À l’issue de l’examen des prises de position, le Conseil fédéral enverra le projet en consultation parlementaire. Dans une deuxième étape, il entend étoffer cette loi et, comme l’exige le Parlement, interdire d’autres symboles extrémistes, racistes et faisant l’apologie de la violence. S’il s’est limité dans un premier temps aux symboles nazis, c’est pour des raisons d’urgence, a relevé Beat Jans, et pour que l’interdiction puisse être mise en œuvre rapidement.

Un musée pour un Juste

Carl Lutz, diplomate suisse à Budapest, a sauvé des dizaines de milliers de juifs au cours de la Seconde Guerre mondiale au moyen de passeports et de lettres de protection (cf. «Revue Suisse» 3/2023). À son retour en Suisse, il n’a tout d’abord reçu de la part des autorités que des blâmes. Aujourd’hui, son action est reconnue et saluée. Pour le 50e anniversaire de sa mort, en février, un musée consacré à sa personne et à son action de sauvetage a ouvert ses portes sur son lieu de naissance, à Walzenhausen (AR). Soutenu par la commune de Walzenhausen, la fondation Gamaraal et l’entreprise locale «Just», le musée restera ouvert jusqu’à la fin de 2025. La décision de pérenniser ou non l’institution sera prise plus tard. (SWE)
 
 

 

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