Société
Société
Société
Société
Société
Société
Société
Société
Chapeaux, cols de chemise et bretelles: en Emmental, un projet pionnier permet à la population de décider de quels objets son musée régional se séparera et ce qu’il en adviendra. Il démocratise ainsi un procédé que tout musée connaît bien: «l’aliénation», soit la cession d’objets de sa propre collection.
«C’est un sujet tabou», affirme Carmen Simon (37 ans), responsable du musée régional Chüechlihus à Langnau, en Emmental (BE). «Mais le fait qu’un musée doive céder des objets de sa collection n’est pas nouveau.» Et pas surprenant, en réalité, car aucun musée ne peut collectionner à l’infini. Dans un musée régional, où la grande majorité des objets proviennent de donations, certains existent parfois en plusieurs exemplaires, quand d’autres peuvent être abîmés. Et un beau jour, la place vient à manquer.
«Par conséquent, prendre soin d’une collection n’implique pas seulement de recueillir des objets, mais aussi d’en céder», souligne Carmen Simon, qui a repris la direction du musée en 2021. Les musées doivent revoir régulièrement leur inventaire et, le cas échéant, se séparer de certaines pièces. Ce processus s’appelle «l’aliénation».
Le Chüechlihus à Langnau, qui est l’un des plus grands musées régionaux de Suisse, emprunte une voie pionnière à cet égard: dans le cadre d’un projet unique en Europe, voire au monde, il offre la possibilité à la population de décider de quels objets le musée se défera et ce qu’il en adviendra. «Selon nous, les Emmentalois doivent pouvoir se prononcer sur l’avenir de leur patrimoine culturel», expose Carmen Simon. Le conseil communal a donné son feu vert: «Nous avons bien compris qu’un musée n’a pas besoin de vingt cannes de marche et de douze rouets», note le responsable de la culture, Martin Lehmann.
Hauts-de-forme et chemises de nuit, tabliers et cols de chemise, costumes folkloriques et foulards: lors d’une première étape, plus de 2000 objets textiles ont été cédés par la direction du musée et le «Conseil des objets», qui réunit des représentants du musée, de l’administration et de la politique, mais aussi cinq citoyens de Langnau tirés au sort. Et notamment Jacqueline Maurer, 36 ans: «J’ai tout de suite accepté, excitée à l’idée de participer à ce processus.»
La sélection d’objets a été débattue en réunion. En même temps, la population et les titulaires du droit de cité ont pu donner leur avis dans le cadre d’un vote en ligne organisé sur le site www.entsammeln.ch. Tous les objets ont été photographiés et publiés sur le site web. Ils sont également exposés en libre accès à l’étage supérieur du musée. Des codes QR permettent d’obtenir la description de chaque robe, chapeau et manteau. «L’idée est que la population mène une réflexion active à ce sujet. Et le lien des gens avec les objets est renforcé chez nous par le fait qu’ils puissent les toucher: ce n’est pas le cas dans tous les musées», note Carmen Simon.
Ce processus décisionnel démocratisé a aussi suscité des critiques. «Au début, beaucoup se sont montrés sceptiques, surtout dans les milieux muséographiques», relate Carmen Simon. À ce scepticisme, elle a opposé la transparence: tout le processus est clairement documenté sur le site web du musée. Et même si les directives du Conseil international des musées exigent notamment qu’un objet cédé soit tout d’abord proposé à un autre musée, Carmen Simon pense qu’un musée n’est pas le seul endroit où le grand public peut profiter d’un objet. «Nous interprétons les directives avec souplesse», indique-t-elle, précisant immédiatement: «mais nous traitons en priorité les candidatures professionnelles des musées.»
Ce projet ne pose aucun problème à Jacqueline Maurer non plus. «L’équipe du musée n’a cédé que des objets qu’elle possédait déjà dans sa collection. Cette action sert en outre à rappeler le musée au bon souvenir des gens.» Cela semble fonctionner: la consultation publique a notamment permis au musée de récolter de nouvelles informations. Ainsi, certains biens culturels n’ont finalement pas été cédés.
«Nous possédons l’expertise professionnelle qui nous permet de déterminer la fonction qu’avaient les objets. Mais pour certains, nous ne savons pas qui étaient leurs propriétaires et par quelles mains ils ont transité», explique Carmen Simon. Une blouse de travail cédée, par exemple, a été reprise dans la collection. «Pour nous, il s’agissait simplement d’une veste déchirée. Mais nous venons d’apprendre qu’elle avait appartenu à un réparateur de radios connu dans tout le village», poursuit la responsable. Le Conseil des objets a donc voulu la conserver.
La phase d’adjudication, enfin, qui détermine l’avenir des objets, a eu lieu pendant l’été. Pas dans le cadre d’une vente aux enchères ou en ligne – il n’y a pas d’argent en jeu –, mais d’une mise au concours très élaborée. Musées, organisations ou particuliers peuvent se porter acquéreurs d’un objet, mêmes dans d’autres régions, voire à l’étranger. Qu’ils comptent les utiliser pour un projet de recyclage, une performance artistique ou une décoration d’intérieur n’a pas d’importance. L’attribution de chaque objet fera à son tour l’objet d’une décision commune. Très prochainement – à la mi-août – une votation sera ainsi organisée au Conseil des objets, qui prendra aussi en compte les voix de la population recueillies en ligne.
L’ensemble de ce processus de désencombrement prendra plus de six mois. Mais Carmen Simon trouve que cela est justifié: «Ces objets nous sont devenus familiers. Mon éthique professionnelle comprend un devoir de diligence.» Le scepticisme initial au sein de la population semble s’être dissipé, et l’intérêt croît aussi dans les milieux professionnels. Le musée a même reçu des demandes de l’étranger pour savoir comment le projet est organisé.
La responsable du musée se dit très satisfaite. Il s’agit déjà de la deuxième action de cession d’objets: le musée en avait organisé une première l’an dernier pour se défaire d’une centaine d’objets. Et la prochaine est prévue en 2024. D’après un sondage réalisé par le musée auprès des personnes ayant participé au vote en ligne, nombreuses sont celles qui se sentent désormais encore plus liées au musée. «C’était bien l’idée: le musée ne doit pas rester enfermé entre ses quatre murs. L’important est d’établir un lien, car les personnes sont plus importantes que les objets», conclut Carmen Simon.
Jacqueline Maurer abonde dans le même sens: «J’avais oublié à quel point notre région est intéressante et que nous pouvons être fiers d’être des Emmentalois.» Car l’objectif de cette action n’est pas juste de faire de la place à la cave, mais plutôt de se faire une place dans le cœur de la population.
Vous trouverez des photos d’autres objets cédés par le musée régional de Langnau sur le site web revue.link/langnau
Commentaires
Commentaires :
ANTWORT AUF KOMMENTAR VON Diane Vasic, Grand Cayman
Vielen Dank für Ihre Nachricht. Es freut uns, dass der Artikel über unser Entsammlungsprojekt für Aufmerksamkeit und Rückmeldungen gesorgt hat. Gerne nehme ich mir kurz Zeit, um auf die Frage Ihrer Leserin einzugehen.
Es gibt viele verschiedene Gründe, weshalb wir die Objekte nicht zum Verkauf anbieten. Grundsätzlich richten wir uns nach den Richtlinien des Internationalen Museumsrates (ICOM). Dieser erlaubt grundsätzlich den Verkauf von Museumsobjekten in Rahmen einer Sammlung, sofern dieser Verkauf nicht der eigentliche Grund für das Entsammeln von Objekten ist und er erzielte Gewinn direkt wieder in die Erhaltung der Sammlung, zum Bsp. in Restaurierungsmassnahmen von Sammlungsobjekten fliesst. Wir vom Regionalmuseum Chüechlihus haben uns aber dafür entschieden, unsere Objekte nicht zu verkaufen, weil sich ähnliche Objekte in Brockenstuben/auf Flohmärkten oder in Second Hand-Läden befinden und dort für wenig Geld angeboten werden. Bei unseren Objekten handelt es sich aber um Museumsobjekte, die dem Regionalmuseum zum Bewahren anvertraut wurden. Wir sind der Meinung, dass wir diesen Objekten gegenüber eine Sorgfaltspflicht haben und sie darum nicht einfach günstig "verscherbeln" dürfen. Wir haben uns deshalb überlegt wie wir den Objekten den Respekt, den sie verdienen, zurückgeben können und haben deshalb diesen Entsammlungsprozess kreiert. Wir haben uns sogar dafür entschieden, das Entsammeln zum Programm zu machen und – wie wir das sonst auch für andere Museumsformate tun – in das Format zu investieren. Ein gewagtes Vorhaben, das sich aber sehr gelohnt hat. Die partizipative Entsammlung bedeutet viel Aufwand, führt aber schliesslich dazu, dass das Museum und seine Sammlung an Relevanz und Legitimation gewinnen. Mit der partizipativen Entsammlung werden wir der neuen Museumsdefinition gerechter, können unsere Sammlungen sorgfältig schärfen, schenken den Museumsobjekten ein drittes Leben, stossen zu Reflexion über das gemeinsame Kulturerbe an und erfahren auch mehr über unsere Museumssammlung – denn durch das Wissen aus der Bevölkerung konnten auch relevante Hinweise zu den Gegenständen generiert werden, was dazu führte dass wir mehr über unsere Sammlung erfahren und teilweise Objekte doch nicht entsammelt haben, die wir ursprünglich für die Entsammlung vorgesehen hatten. Wir als Museum gewinnen mit der partizipativen Entsammlung aber auch an Sichtbarkeit und Wertschätzung, können unterschiedliche Museumsformate wie Ausstellungen oder Veranstaltungen realisieren und schliesslich auch lustvoll mit unserem Kulturerbe arbeiten.
Am 3. April 2024 starten wir mit der – vorerst letzten – Entsammlung im Regionalmuseum Chüechlihus. Die entsprechende Pressmittelung ist ab Mitte März erhältlich.
Very interesting idea but I’m curious to know why the museum wouldn’t offer the declutter items for sale to raise funds for the museum, given that the items were the property of the museum. Also will you be announcing next declutter exercise?
BRAVO !!