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Stefanie Heinzmann | Identité formatée

05.08.2021 – MARKO LEHTINEN

Ils sont de retour, ce sourire espiègle, ce dialecte valaisan bien ancré dans le terroir, cette attitude généreuse. Stefanie Heinzmann est omniprésente à la télévision suisse alémanique en ce moment, que ce soit dans l’émission de téléréalité «Das Schweizer Tauschkonzert», dans un spot publicitaire pour une boisson vert fluo ou dans les émissions dans lesquelles elle présente son dernier album.

Ancienne star du show télévisé allemand «TV total», la chanteuse viégeoise n’a toutefois pas la tâche facile. Certes, elle sait parfaitement se mettre en valeur à la télévision depuis sa première apparition en 2007. Toute la Suisse la connaît. Mais c’est à la fois un bienfait et une malédiction. Tandis qu’elle peut compter sur l’attention du grand public, les critiques froncent le nez. Une star du petit écran ne peut devenir une artiste crédible même avec la meilleure volonté du monde. Le format de la téléréalité n’est pas compatible avec la construction d’une identité à soi, pas même une fois qu’on l’a quitté.

On oublie parfois que Stefanie Heinzmann donne des concerts très réussis en Allemagne et en Suisse et sort des albums contenant des chansons dont elle est l’autrice avec une belle régularité. À 32 ans, à côté de sa vie de célébrité, elle suit son chemin d’artiste sans prendre de raccourcis.

Stefanie Heinzmann: «Labyrinth». BMG, 2021.

Son nouvel opus, intitulé «Labyrinth», mérite donc une écoute aussi impartiale que possible. Et en effet, ce sixième album de Stefanie Heinzmann a tout pour plaire au départ. Le morceau-titre possède un son électro-dance-pop frais et dans l’air du temps, rythmé et funky. Le deuxième morceau, «Best Life», séduit par son refrain tubesque. Et le troisième, «Would You Still Love Me», commence lui aussi de manière prometteuse. Mais ensuite, l’album s’essouffle. On y détecte dès lors trop souvent un modèle stéréotypé balançant entre pop radiophonique léchée et musique conçue pour les dancefloors.

Steffen Graef, son producteur hambourgeois, a donné aux chansons de Stefanie Heinzmann un écrin moderne avec des claviers bruyants, des beats sexy et une atmosphère survitaminée. De temps à autre, on reconnaît tout de même la passion qui vibre dans la voix soul de la chanteuse et qui est sa marque de fabrique.

Mais que devient son identité? Aussi sympathique que soit Stefanie Heinzmann, le constat est aussi désolant que peu surprenant: «Labyrinth» est un album de musique formaté pour une star formatée. Ceux qui froncent le nez ont raison pour l’instant.

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