Le groupe ne donnera plus de concerts, c’est certain. Mais les Bernois viennent d’enregistrer un nouvel album, «Loch dür Zyt» [Un trou à travers le temps], leur premier depuis «Love», sorti en 2017. Et des choses ont changé. Gere Stäuble et Wolfgang Zwieauer ont quitté le groupe, mais deux musiciens l’ont rejoint: Florian Senn (Lovebugs) à la basse et Kevin Chesham à la batterie.
Cette nouvelle formation a donné naissance à treize nouvelles chansons – la plupart écrites par Kuno Lauener – et quelques reprises. Musicalement, il émane de la plupart une atmosphère détendue, épurée et condensée. Les textes, eux, évoquent le passage du temps, le regard en arrière, le questionnement sur le sens de la vie. Résignation et perplexité, acceptation, fatalisme et mélancolie, mais aussi rébellion imprègnent ces paroles qui reflètent les pensées intimes du chanteur sur sa maladie, tout en étant susceptibles de parler à tout le monde. Une poésie du délabrement sans fioritures. L’album touche en plein cœur. On s’accroche à la vie avec Kuno Lauener, combatif sur le morceau «Winterhale»: «I louffe und i louffe u d’Chäuti stieuht mr schier dr Schnuuf / Aber chum du nume du Jahr du Nöis / No grad gieben i nid uf» [Je marche et je marche et le froid me coupe presque le souffle / Mais viens seulement, toi l’an nouveau / Je n’ai pas encore rendu mon dernier souffle]. Le morceau «Blätter gheie», qui met en musique un poème de Franz Hohler, est aussi bouleversant: les feuilles tombent, le vent les invite à une dernière danse, elles meurent. Et tout devient silencieux.
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