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Alors que la campagne électorale en Suisse bat son plein, les candidats et les partis multiplient les promesses pour l’avenir. Cette période devrait toutefois être l’occasion de tirer un bilan des années passées. C’est pourquoi nous avons demandé à deux observatrices, correspondantes pour les grands journaux étrangers «Le Monde» et la «Süddeutsche Zeitung», de présenter la politique suisse et la campagne électorale aux Suisses de l’étranger.
La dernière législature est marquée par la volonté du pays de s’affranchir de la crise européenne… sans y parvenir. Le même enjeu guidera les prochaines élections fédérales.
Marie Maurisse, Correspondante en Suisse du journal «Le Monde»
Ces quatre dernières années, la Suisse les a passées en équilibre sur un fil. D’un côté, il s’agissait de ne pas se laisser contaminer par la crise qui secoue l’Union européenne à tous les niveaux – économique et politique. De l’autre, il fallait continuer à soutenir la croissance helvétique, qui dépend fortement des échanges commerciaux et de main-d’œuvre avec les États voisins. Trois événements majeurs ont démontré la difficulté du pays à maintenir ce délicat équilibre.
Le 9 février 2014, les électeurs plébiscitaient le retour des quotas à l’immigration en disant « oui » à l’initiative populaire portée par l’Union démocratique du centre (UDC), premier parti du pays. Le résultat est un coup de tonnerre politique et surtout un casse-tête pour le Conseil fédéral. Les velléités autarciques du peuple helvétique se heurtent de plein fouet à la réalité de la Suisse dont les entreprises ont cruellement besoin des travailleurs étrangers pour fonctionner. Est-ce la politique qui dicte la marche de l’économie, ou bien l’inverse? Le Conseil fédéral doit trouver sa voie, mais le comité Rasa voudrait que le peuple revote. Les prochains mois seront décisifs.
L’autre marqueur du basculement de la Suisse entre autonomie et dépendance est la décision de la Banque nationale suisse (BNS), le 15 janvier dernier, d’abandonner le taux plancher mis en place en 2011 afin d’enrayer l’appréciation du franc suisse. Pour le président de la BNS Thomas Jordan, il est désormais trop coûteux de maintenir artificiellement la devise à des niveaux raisonnables. Les entreprises doivent se débrouiller toutes seules pour continuer à être compétitives malgré le franc fort. Les PME suisses et l’industrie du tourisme tirent la langue et la banque centrale est mise sous pression. Mais qu’elle le veuille ou non, la Suisse n’est pas un îlot au cœur de l’Europe et son PIB est fortement influencé par la crise de l’euro.
D’ailleurs, le pays ne veut plus faire cavalier seul. C’est le dernier point de cette démonstration: le 27 avril dernier, Berne signait un accord sur l’échange automatique d’informations avec l’Union européenne qui mettra fin de facto, dès 2017, au secret bancaire. Là encore, c’est une spécialité helvétique qui disparaît au profit d’un système globalisé de transparence des flux bancaires. Cette évolution ne se limitera pas aux clients étrangers qui ont des comptes en Suisse: pour les experts, nul doute que les Suisses eux-mêmes renonceront bientôt au secret bancaire. A moins que l’initiative populaire intitulée « Oui à la protection de la sphère privée », qui devrait passer dans les urnes d’ici quelques mois, ne soit acceptée par le peuple.
Entre ouverture et protectionnisme, le cœur de la Suisse balance. Pour Antoine Chollet, politologue à l’Université de Lausanne, l’UDC a gagné une bataille symbolique: l’Union européenne a de moins en moins de crédit aux yeux des Suisses et l’idée d’adhésion a complètement disparu des programmes des partis helvétiques. «Pour autant, la politique suisse reste hautement influencée par l’Europe, pense cet expert, auteur de l’ouvrage «Défendre la démocratie directe»: selon lui, «la fin du taux plancher et la votation du 9 février sont deux décisions souveraines, dont les conséquences montrent à quel point nous sommes dépendants des pays qui nous entourent». Le score de l’UDC aux prochaines élections donnera le ton.
Le Conseil fédéral a imposé un thème qui pourrait donner une orientation à la campagne électorale.
Charlotte Theile, correspondante à la «Süddeutsche Zeitung» en Suisse
Dès février, elle était lancée, la course pour les élections au Conseil national. Roger Köppel, rédacteur en chef et éditeur de la «Weltwoche» et habitué des plateaux de télévision en Allemagne, a expliqué qu’il voulait siéger au parlement sous les couleurs de l’UDC zurichoise. Pas tant parce qu’il le voulait que parce qu’il le devait. La «politique dévastatrice de la majorité de gauche à Berne» l’y contraignait, selon lui. Durant près de deux mois, sa candidature et la peur des hauts responsables politiques de l’UDC de reculer sur la liste ont été le thème principal de la campagne électorale. En avril, l’UDC a créé la surprise: Magdalena Martullo-Blocher, patronne du groupe Ems-Chemie et fille de Christoph Blocher, se présente également – non pas à Zurich, mais dans les Grisons. «Hurra, hurra, alle nach Chur!» (Super, super, tous à Coire) pouvait-on lire dans l’hebdomadaire allemand «Die Zeit».
Qu’apporteront ces prestigieux candidats sans formation politique? La réponse est floue. L’UDC parviendra-t-elle à utiliser à des fins politiques le drame des réfugiés en Méditerranée? Idem. Les politologues y voient certes une légère «droitisation» – qui profite avant tout au PLR. Sans surprise: les thèmes des derniers mois concernent l’économie. En effet, depuis janvier, les Suisses découvrent de manière très concrète la signification de l’expression «monnaie refuge»: des kilomètres de bouchons en direction de l’Allemagne pour faire ses courses, des horaires de travail plus longs pour un salaire équivalent, la délocalisation des emplois industriels – les conséquences de la vigueur du franc sont réelles et palpables. On ne voit pas clairement les réponses que la Suisse peut apporter à cette crise monétaire; en effet, ce sont la Grèce et l’UE qui en sont responsables. Cependant, dans la campagne électorale, la compétence économique semble plus importante que par le passé. Mais, à ce jour, la campagne n’est pas encore véritablement lancée. Les grands partis tablent avant tout sur la mobilisation de leur électorat traditionnel: apéritifs gratuits plutôt que débats d’idées. Et les «choix d’orientation» annoncés par le président du PS, Christian Levrat – droite ou gauche, ouverture au monde ou isolement, social-démocratie ou libéralisme économique – pourraient se décréter tous les quatre ans.
Le Conseil fédéral est tout de même parvenu à imposer un thème qui pourrait donner une orientation durant l’été: les négociations avec l’UE devraient reprendre dans les semaines à venir. Un médiateur en chef qui doit négocier non seulement la nouvelle réglementation sur l’immigration mais également les questions relatives à la recherche, à la collaboration institutionnelle et au marché de l’électricité en Europe. Le Conseil fédéral attend les premières propositions d’ici à l’automne. Si une solution globale était trouvée, elle serait providentielle pour la diplomatie suisse. La «quadrature du cercle», comme beaucoup appellent la mise en œuvre des contingents d’immigration décidés en 2014 pour avancer d’un pas, serait, pour le Conseil fédéral, la meilleure nouvelle qui soit peu avant les élections. Avec cette stratégie, pourtant, Berne joue un sacré coup de poker: en dépit du refus de l’UE de négocier, la Suisse est néanmoins dans l’attente d’un prochain résultat.
Quelques candidatures qui font les gros titres, des thèmes économiques, peut-être un succès d’estime d’une stratégie de négociations mûrement réfléchie mais, malgré cela, de grandes surprises lors des élections semblent peu probables. Ainsi, même les plus petits partis, comme la liste Art & Politique, bénéficieront, avec un électorat potentiel inférieur à un pour cent selon leurs propres estimations, d’une grande attention. Leurs idées se rapprochent certes de celles des Verts ou du PS: environnement, réfugiés, formation, relation avec l’UE. Un nouveau parti est cependant nécessaire, selon les dires du célèbre écrivain Ruth Schweikert. De quoi laisser de la place à l’utopie et aux esprits libres. Les artistes ont soulevé ici un point important: des idées courageuses, novatrices voire peut-être des politiciens qui dérangent; voilà probablement ce qui pourrait arriver de mieux lors de la campagne des prochaines semaines.
Lien sur l'analyse de la politique Suisse entre 2011 et 2015
Commentaires
Commentaires :
Was, ums Himmelswillen bringt Sie auf die euforische Theorie, dass
in der verknöcherten Schweiz mutige Politiker mit neuen Ideen, die auch querliegen können, auch nur angehört, um nicht gerade zu sagen ausgegrölt, zu Erfolgen kommen könnten?
An sowas auch nur zu denken ist reine Utopie.
Da wird jeder, auch nur vernünftige Vorschlag, vom braunen Sumpf
überschrieen, ausgegrölt. Die Saat geht doch auf, wir nähern uns
einer Situation, da die grösste Regierungspartei das braune Stimmvieh geradezu sucht, um damit einen möglichen EU-Beitritt zu verhindern. Denn das ist das Trauma von dem SVP (schweiz. Verarschungspartei) Guru Blocher. Aus was für Gründen auch immer