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Lors des prochaines élections du Conseil fédéral, l’UDC a de bonnes chances de gagner un deuxième siège.
Lorsqu’un problème survient en Suisse, «c’est la faute du gouvernement». Cela vaut d’ailleurs en Suisse comme dans la plupart des autres pays. Pourtant, si l’on en croit les sondages, le Conseil fédéral jouit presque toujours d’une confiance solide auprès de la population. La stabilité de ses membres ces dernières années et son image à nouveau beaucoup plus unie peuvent être une explication. Mais cette image stable est trompeuse: la formule magique communément admise n’existe plus.
La composition du gouvernement avec ses sept membres – deux PLR, deux PS, un PDC, un UDC et un PDB – fera l’objet d’un débat à l’issue des élections parlementaires du 18 octobre 2015 (voir également sondage pages 14-16). Début décembre aura lieu en effet le renouvellement intégral du Conseil fédéral pour les quatre prochaines années. Mais il n’est pas exclu qu’en dépit de débats épiques et de l’inflation des spéculations à venir, rien ne change. Il est possible, mais peu probable, que le Conseil fédéral reste inchangé si aucun de ses membres ne se retire de la course et si les forces en présence n’évoluent pas de manière fondamentale lors des élections parlementaires. Et lorsqu’il s’agit de ne pas réélire un conseiller fédéral, le parlement se montre quelque peu réticent, même en 2003, lorsque Ruth Metzler (PDC) avait été sacrifiée au profit de Christoph Blocher (UDC) et en 2007, quand ce dernier avait été lui-même évincé du Conseil fédéral par l’élection de son ancienne collègue de parti Eveline Widmer-Schlumpf.
C’est précisément elle qui sera au centre de la bataille, après les élections fédérales. Eveline Widmer-Schlumpf est aujourd’hui le porte-drapeau du Parti bourgeois-démocratique (PBD), né d’une scission de l’UDC. Au regard de la politique de concordance, le fait que l’UDC, premier parti de Suisse avec 26,6% des voix lors des élections du Conseil national en 2011, ne soit représenté que par un seul membre au gouvernement, est une anomalie. L’éviction de l’UDC d’Eveline Widmer-Schlumpf a conduit à la formation du PBD, qui est lui-même représenté par un membre au Conseil fédéral alors même qu’il ne rassemble que 5,4% des voix. Le PBD n’affichant pas une forme étincelante, il pourra savourer sa victoire s’il parvient à l’automne à maintenir son faible score. Mais la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf et son parti ne pourront, à l’issue des élections, faire l’économie d’une réflexion de fond.
La conseillère fédérale PBD et ministre des finances se retirera-t-elle elle-même de la course? Ou se représentera-t-elle même en cas de recul de son parti? Dans tous les cas, c’est son siège qui fera la différence. L’UDC le convoite depuis toujours. Les partisans de la concordance arithmétique – en premier lieu les stratèges de l’UDC et du PLR – veulent un retour à la clef de répartition longtemps en vigueur: deux sièges attribués à chacun des trois grands partis et un siège au quatrième parti comptant le plus d’électeurs. Le rêve de la droite bourgeoise serait d’attribuer deux sièges à l’UDC, deux au PLR, deux au PS et un au PDC. Cette formule se placera au premier plan si le PLR enregistre une forte croissance lors des élections. Et c’est ce qu’annoncent les sondages. Cela couperait court aux débats selon lesquels le PLR pourrait ou non briguer deux sièges et l’UDC pourrait remporter un deuxième siège, au nez du PLR. PLR, PDC et Verts-libéraux (pvl) doivent s’attendre à ce que l’UDC, en tant que parti le plus fort, remporte deux sièges. L’UDC dispose en effet de bons atouts. Seuls le PS et les Verts sont contre un deuxième siège pour l’UDC. Ils parlent volontiers de «concordance de contenu» et estiment que l’UDC ne recherche pas le consensus.
Au vu des divisions exacerbées au sein de l’UDC, ces arguments trouvent également un écho auprès de certains partis du centre (PBD, PEV et pvl) et du PDC. Ils pourraicent d’ailleurs essayer, avec les Verts-libéraux, de sauver le siège d’Eveline Widmer-Schlumpf. Une option qui ne serait justifiée que si les petits partis du centre sortaient renforcés des élections – ce qui semble improbable d’après les sondages. Si les petits partis du centre perdent des voix, le climat général ne justifierait plus une telle manœuvre.
Le PS quant à lui peut sortir renforcé des élections du Conseil fédéral: ses deux sièges lui sont garantis, si les élections du Conseil national ne prennent pas une tournure totalement inattendue. Il est peu probable en effet que l’un de ses sièges soit sérieusement menacé, même si l’UDC a déjà eu de tels projets. Mais la messe n’est pas dite, car les élections du Conseil fédéral n’ont cessé de nous surprendre.
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