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Débat

01.07.2022

La petite Suisse et la grande Chine entretiennent des liens divers et variés. Dans le dernier numéro de la «Revue Suisse», nous nous sommes penchés sur cette relation complexe et conflictuelle. L’actualité est venue fournir une question douloureuse de plus: quelle est la position de la Suisse face au fournisseur de matières premières qu’est la Russie, compte tenu de l’invasion en Ukraine? Les tensions entre le petit pays et les grandes puissances se reflètent aussi dans le débat de nos lecteurs.

Vos commentaires sur revue.ch sont les bienvenus. Vous pouvez également participer aux discussions en cours ou en lancer de nouvelles sur la plate-forme SwissCommunity de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE). Les questions actuellement débattues sont: > L’assurance-maladie pour les Suisses de l’étranger retraités > La situation actuelle en Ukraine > Des questions administratives spécifiques, p. ex. sur l’AVS et les impôts

Relations Suisse-Chine: c’est vraiment compliqué…
 

HERMANN LISCHER, JAKARTA, INDONÉSIE:

Un positionnement neutre exige de la Suisse qu’elle choisisse la même stratégie pour tous les pays. Appliquer une politique d’exception à la Chine n’est pas acceptable, et la neutralité n’empêche ni d’adopter un point de vue critique ni de défendre sa propre opinion. Cela, la Suisse doit encore l’apprendre. Elle doit accepter que la neutralité a un prix.

 

HANS J. ROTH, BANGKOK, THAÏLANDE:

Dans votre article détaillé sur les relations entre la Suisse et la Chine, il manque une remarque sur le contexte, qui n’est pas expliqué. Ainsi, les droits de l’homme, par exemple, ont jusqu’ici été élaborés de manière unilatérale par l’Occident. L’accent y est mis sur les droits et les libertés individuels. Les devoirs qui découlent de la cohabitation au sein d’une famille ou d’une collectivité ont été mis sous le tapis dans les années 1940, après le nationalisme et le fascisme. Les faits se vengent à présent, car les sociétés qui imposent des obligations sociales à leurs membres avant de leur accorder des droits ont pris de l’importance dans le monde entier. En Occident, nous devons tenir compte de cet autre point de vue si nous voulons parvenir à mener notre barque à travers le XXIe siècle. De son côté, la Chine devra réexaminer la vision occidentale des droits et des libertés. Pour sa classe moyenne émergente en particulier, ces droits et libertés joueront également un rôle croissant. En même temps, les obligations dans nos sociétés occidentales n’auront jamais la priorité qu’elles ont dans des sociétés collectivistes. Mais se contenter de les nier débouche sur un dialogue international de sourds.

 

EDITH PRESCOTT, OTTAWA, CANADA:

L’idée de la neutralité suisse est illusoire, car elle dépend du conflit. Tandis que, d’un côté, on veut être «neutre» quand il s’agit de livrer des armes à l’Ukraine, le gouvernement n’a pas hésité à autoriser l’exportation d’armes en Arabie Saoudite, qui mène une guerre au Yémen. Des canons pour les cheiks du pétrole saoudiens, mais pas de gilets pare-balles pour les Ukrainiens: il semble que la Suisse ait deux poids et deux mesures lorsqu’il y a un avantage financier.

 

JING LI, GENÈVE, SUISSE:

Je doute que la Suisse puisse jouer le rôle de pont entre la Chine et l’Occident, à moins que les politiciens suisses puissent adopter une vision plus objective de la Chine. Ils doivent savoir que les valeurs occidentales ne sont pas universelles. Les valeurs traditionnelles chinoises ont une grande influence sur le peuple chinois et sur la pensée politique du gouvernement chinois, elles sont bien plus sages que les valeurs occidentales.

 

ARYE-ISAAC OPHIR, ISRAËL:

La neutralité au sens étatique repose essentiellement sur la non-ingérence dans les problèmes internes des autres. Cependant, la neutralité ne signifie pas l’absence d’opinion et de conscience vis-à-vis des actions criminelles d’autrui.

 

GUIDO ZIEGLER, PATTAYA, THAÏLANDE:

Le confit en Ukraine, justement, montre que la Suisse n’est plus neutre. On peut bien sûr agir comme la Suisse le fait. Mais il faut en tirer les conséquences et peut-être renoncer à des avantages économiques. La Suisse agit différemment face à la Chine et à la Russie que face aux États-Unis. Pourquoi? Tout converge vers deux systèmes économiques. Je pense que le système de la Russie et de la Chine sera l’avenir. Mais la Suisse a déjà fait son choix! Elle s’est elle-même mise hors-jeu.

 

LUTZ BRUGGER, RHEINFELDEN, ALLEMAGNE:

Cette naïveté des Européens perdure. La Chine veut devenir une puissance mondiale et les efforts européens ne l’atteignent pas. La Russie travaille selon le même modèle, mais elle est utilisée par la Chine elle-même. Tous nos efforts se soldent par une dépendance vis-à-vis de la Chine.

CORRECT!

Dans le dernier numéro de la «Revue Suisse», on pouvait lire que l’Aabach, «dans le Seetal lucernois», se jette dans le lac de Greifen. Or l’Aabach, surnommée la «rivière aux millions», ne quitte en réalité jamais le canton de Zurich. Contrairement à ce que deux personnes de notre lectorat attentif craignaient – l’une à Vuokatti, en Finlande, l’autre à Jestetten, en Allemagne –, aucun énorme déplacement tectonique secret n’a eu lieu entre Lucerne et Zurich. (MUL)

 

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