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L’armée suisse voit son budget augmenter, notamment grâce aux économies réalisées dans la coopération internationale. C’est ce qu’a décidé le Parlement lors de sa session d’hiver, après des débats houleux et de longues tergiversations.
Le budget fédéral de 2025 a été fixé peu avant Noël. Il prévoit des dépenses de 86,5 milliards de francs et des recettes de 85,7 milliards. Le frein constitutionnel à l’endettement autorise le déficit attendu pour des raisons conjoncturelles. L’adoption du budget a été précédée par trois semaines de débats houleux entre les Chambres du Parlement. L’une des questions les plus disputées a été celle de savoir dans quelle mesure les coupes dans la collaboration internationale (aide au développement, contributions aux organisations multilatérales et coopération économique) devaient compenser la hausse des dépenses militaires.
Le débat a aussi tourné autour du rôle de la Suisse dans un monde marqué par l’insécurité (voir citations). L’augmentation du budget de l’armée à 1 % du PIB fait plus ou moins l’objet d’un consensus. Mais le rythme de cette hausse ne fait pas l’unanimité: le gouvernement vise 2035 tandis que le Parlement veut atteindre l’objectif trois ans plus tôt. C’est pourquoi, dans le budget de cette année, il a alloué à la défense du pays 530 millions de francs de plus que ce que le Conseil fédéral avait prévu, soit 6,3 milliards au total.
La majorité bourgeoise du Conseil national voulait à l’origine réduire la coopération internationale de 250 millions de francs, soit de près de la moitié de la hausse prévue pour l’armée. Mais même Karin Keller-Sutter, l’économe ministre des finances, a indiqué qu’une telle coupe mettrait en péril des projets d’aide au développement. Le Conseil des États a réduit cette baisse à 30 millions, mais a aussi insisté pour compenser les dépenses militaires en raison du frein à l’endettement et de perspectives financières incertaines. Finalement, les deux Chambres ont trouvé un compromis: la Suisse économisera 110 millions de francs dans la coopération internationale.
D’autres coupes sont prévues, notamment dans le personnel de la Confédération. Les appels à générer des recettes supplémentaires au lieu de se contenter d’économiser n’ont pour l’heure pas été entendus. La droite – l’UDC, le PLR et Le Centre – s’est montrée satisfaite du budget 2025, tandis que la gauche – le PS et Les Vert-e-s – l’a critiqué. La controverse politico-financière reprendra en février. Dès 2027, le pays est menacé par des déficits structurels, raison pour laquelle le gouvernement mettra en consultation un paquet d’assainissement du budget fédéral, basé sur les propositions d’un groupe d’experts.
«Depuis des décennies, nous envoyons des milliards de francs de recettes fiscales à l’étranger. À la chute du Mur, le Parlement a misé sur le fait que la paix serait éternelle. Cette insouciance nous rattrape à présent.» Lars Guggisberg (UDC/BE)
«On ne peut pas donner à l’armée un chèque en blanc supplémentaire d’un demi-milliard de francs sans savoir pour quoi elle le dépensera.» Tamara Funiciello (PS/BE)
«Les dividendes de la paix ont pu être mis à profit ces dernières années à l’étranger, à présent la priorité doit à nouveau être accordée aux projets de la Suisse.» Peter Schilliger (PLR/LU)
«Augmenter le budget de l’armée d’un demi-milliard en mettant en danger la tradition humanitaire de la Suisse n’est pas la bonne façon de faire.» Corina Gredig (PVL/ZH)
«Pour un petit pays neutre comme la Suisse, une politique de paix globale est la meilleure politique de sécurité; la négliger n’est pas responsable.» Gerhard Andrey (Les Verts/FR)
«Voyez comme la crise de l’endettement fait tache d’huile dans le monde. Les États financièrement affaiblis le sont aussi militairement. On ne saurait accorder trop d’importance au frein à l’endettement.» Benedikt Würth (Le Centre/SG)
Pour en savoir plus sur le thème des finances fédérales: Le grand marchandage extrait de la Revue Suisse 5/24 octobre.
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