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  • Éditorial

L’expérience du Jura

04.10.2024 – Marc Lettau

Nous vous proposons de parler d’histoire et, pour cela, de remonter à 1815. L’Europe a des années mouvementées derrière elle: Napoléon a tenté de redessiner entièrement la carte du continent. Ses troupes ont envahi la Suisse et y ont chamboulé beaucoup de choses. Mais l’empereur a été vaincu. Au congrès de Vienne, en 1815, les puissances victorieuses retracent bon de nombre de frontières. Un territoire est attribué à la Suisse, et plus précisément au canton de Berne: le Jura.

Nombreux sont les Jurassiens qui estiment alors faire partie de la Suisse, mais pas de Berne, et ce pour des raisons linguistiques, religieuses et culturelles. Berne alimente ce sentiment, ses politiciens faisant souvent peu de cas de ce nouveau territoire excentré. Ils font preuve de dédain envers ce qu’ils nomment «un méchant petit grenier». Le «conflit jurassien» dure 150 ans. L’incompréhension mutuelle s’amplifie et, dans les années 1960, la propension à la violence augmente. Par moments, le conflit menace de dégénérer en guerre civile.

Par chance, cela ne se produit pas, et le conflit est aujourd’hui surmonté. Le grand tournant a eu lieu en 1974, soit il y a exactement cinquante ans: trois districts bernois ont alors décidé de se séparer de Berne et de former leur propre canton. Cinq ans après, le plus jeune canton de Suisse devient une réalité. Aujourd’hui, plus personne ne remet en question son existence; le Jura fait dorénavant partie de la diversité fédérale du pays.

La naissance de ce canton n’est pas due à la seule persévérance de ses habitants. Hors du Jura, il a également fallu que se renforce la volonté de trouver une solution et qu’un consensus puisse émerger. En 1978, on constate la réussite du processus. Cette année-là, le peuple suisse vote à 82 % pour la création du nouveau canton. Même dans le canton de Berne, qui risque de se voir amputé par la perte du Jura, l’approbation s’élève à près de 70 %.

Aujourd’hui, de nombreux Bernois envahissent régulièrement le Jura, surtout le week-end et pendant les vacances. Mais non afin de reconquérir des territoires, mais simplement parce qu’ils aiment le Jura: loin d’être un «méchant petit grenier», c’est une région qui permet de se ressourcer grâce à ses forêts et ses grands espaces, ses rochers escarpés et ses gorges profondes, ses habitants courageux et son parfum de liberté frondeuse. «Expérimenter» le Jura d’aujourd’hui: la «Revue» l’a fait… à vélo.

MARC LETTAU, RÉDACTEUR EN CHEF

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