Lu pour vous
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En septembre 1933, le bateau à vapeur Ismé prend le large à La Rochelle, sur la côte atlantique française. Sa capitaine est Cilette Ofaire, la première femme suisse à exercer officiellement ce métier. Avec quelques matelots, dont l’Italien Ettore, elle a l’intention de contourner l’Espagne et le Portugal. Les mois d’hiver tempétueux, les employés portuaires corrompus ou les problèmes financiers obligent l’équipage à s’arrêter dans des ports, parfois pendant plusieurs semaines, avant de pouvoir gagner la Méditerranée à l’été 1934 par le détroit de Gibraltar. La capitaine subvient à ses besoins en écrivant des récits et en accueillant des passagers à bord contre paiement. Lors du long séjour dans le port de l’île d’Ibiza, le bateau et son équipage sont pris dans les troubles de la guerre civile espagnole. Des explosions de bombes endommagent l’Ismé et forcent la capitaine et son équipage – qui ne compte désormais plus qu’Ettore et sa femme enceinte – à fuir dans les terres de l’île pour y trouver refuge. En décembre 1936, ils sont tous contraints de quitter inopinément l’Espagne. Le cœur lourd, ils doivent abandonner le bateau.
L’écrivaine Cilette Ofaire décrit son livre sur ce périple en bateau comme un récit romanesque. «Ismé» paraît en 1940, d’abord à Lausanne, puis plus tard en France. Il devient rapidement un best-seller et est traduit en plusieurs langues. L’humanisme poignant qui le traverse, la soif de liberté et l’humour de l’autrice émeuvent un lectorat accablé par la Deuxième Guerre mondiale. Rédigée dans une langue fraîche et sans fioritures, cette aventure maritime fascine les lecteurs d’hier et d’aujourd’hui, tout comme le récit de la vie à bord.
Une réédition d’«Ismé» est parue sous la houlette de Charles Linsmayer, journaliste et critique littéraire suisse, qui propose dans l’ouvrage une excellente biographie de l’autrice. Des photographies de la vie de Cilette Ofaire et son «Journal de bord» illustré complètent admirablement ce livre qui a été édité en même temps en français et en allemand.
Cilette Ofaire, née en 1891 dans le canton de Neuchâtel, est artiste-peintre de formation. Avec son mari Charles Hofer, peintre lui aussi, elle sillonne les rivières et les canaux d’Europe avant d’acquérir le bateau à vapeur «Ismé» après l’échec de leur mariage. Des problèmes de vue la privent de ses pinceaux. Au sud de la France, où elle s’établit plus tard, elle rédige plusieurs romans. Après sa mort, en 1964, l’écrivaine tombe dans l’oubli avant d’être redécouverte à la fin des années 1980.
Cilette Ofaire
«L‘Ismé»
Éditions de l’Aire, Vevey, 2020
549 pages, 39.00 CHF
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