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Meret Oppenheim | Vous reprendrez bien une petite tasse de fourrure?

01.04.2022 – JÜRG STEINER

La fontaine créée par Meret Oppenheim (1913-1985) deux ans avant sa mort se dresse depuis 1983 sur la Waisenhausplatz, à 200 mètres du Musée des Beaux-arts de Berne. De l’eau dégouline de la tour, faisait jaillir des plantes ou des sculptures de glace, mais à l’origine la critique est tombée comme la grêle sur l’artiste, traitant son œuvre de «poteau de la honte» et même de «pissoir»

La fontaine de Meret Oppenheim à Berne, une source de controverses passionnées. Photo Keystone

Berne a alors vécu une controverse publique passionnée. S’il fallait une preuve de plus du fait que Meret Oppenheim, connue dans le monde entier, se souciait comme d’une guigne de ce qu’on attendait d’elle, c’était bien cette fontaine. Près de 40 ans plus tard, le Kunstmuseum de Berne consacre à l’insaisissable artiste, qui a longtemps vécu dans la capitale fédérale, une rétrospective intitulée «Mon exposition», qui dévoile au public son œuvre sans limites dans toute sa diversité. Dans son travail, Meret Oppenheim s’est servi de presque tous les matériaux. Bien sûr, c’est la fourrure qui l’a rendue précocement célèbre, celle dont elle avait recouvert une tasse en 1936 – un objet qu’elle trouvait avant tout amusant, mais dont les critiques d’art tirèrent cependant les interprétations les plus échevelées.

Meret Oppenheim a été étiquetée «surréaliste». Mais visiter «Mon exposition», c’est être guidé à travers la création fascinante et unique en son genre d’une artiste qui ne voulait à aucun prix être mise dans une case.

«La liberté ne nous est pas donnée, il faut la prendre.»

Meret Elisabeth Oppenheim

* le 6 août 1913 à Charlottenburg, † le 15 novembre 1985 à Bâle

Et qui s’est battue contre de longues années de blocage créatif sans jamais perdre son regard ironique sur elle-même et sur la vie. «Ma gouvernante» est un petit objet qu’elle a créé, et qui présente deux escarpins sur un plateau d’argent, les talons enveloppés comme les pattes d’un poulet.

«La liberté ne nous est pas donnée, il faut la prendre», disait Meret Oppenheim. Elle n’a laissé personne l’empêcher de le faire. Tel était son art. Et cela lui aurait certainement plu que sa célèbre tasse en fourrure ne soit pas montrée dans «Mon exposition».

Photo Keystone

Après Berne, «Mon exposition» sera présentée à «The Menil Connection» à Houston, États-Unis (du 25 mars au 18 septembre 2022) et au Museum of Modern Art à New York (du 30 octobre 2022 au 4 mars 2023).

Visite guidée de l’exposition de Berne par le présentateur Ueli Schmetzer (en dialecte alémanique): revue.link/oppenheim

 

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