Lu pour vous
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«Yann et Gerda aimaient les émissions mettant en scène des expatriés ou des femmes au foyer. Ils adoraient regarder les gens tout quitter, sans argent, simplement parce qu’ils rêvaient trop.» Voilà ce qu’écrit Simone Meier sur les deux personnages principaux de son nouveau roman. Car Yann et Gerda n’hésitent pas non plus à suivre leurs rêves. Ce couple de trentenaires vient d’emménager dans une ancienne maison d’ouvrier aux confins de la ville. Gerda a perdu son emploi de graphiste et investit désormais toute son énergie créatrice à transformer leur demeure délabrée en nid douillet. Yann travaille pour sa part dans un laboratoire d’idées et se voit bien obligé – mais cela lui déplaît-il vraiment? – de pourvoir aux besoins de la famille. Mais plus le temps passe et plus Gerda se perd dans ses rêveries. Après un baiser plus sous-entendu que réel, son histoire d’amour imaginaire avec Alex l’emporte dans un tourbillon de chimères qui confine à la folie.
En parallèle, l’histoire de Valerie vient s’ajouter au récit. Journaliste dans la cinquantaine, celle-ci habite provisoirement dans la maison d’à côté, dont elle a hérité. Les deux récits se mêlent et s’entremêlent pour s’achever sur une note amère.
Le roman se déroule dans une ville suisse et dresse le portrait de la génération des trentenaires et des quadragénaires vivant souvent en colocation, sans objectif précis, mais désireux de fonder une famille et un nid douillet. Une génération en conflit entre émancipation et valeurs traditionnelles. Une génération qui aime le style rétro, pour qui habiter dans une ancienne maisonnette ouvrière est tendance et avoir un travail bien rémunéré, une évidence. Pourtant, le roman de Simone Meier n’est pas une critique sociale. L’autrice observe toutefois intelligemment son univers urbain et restitue habilement ses constats, en forçant le trait lorsqu’elle décrit ses personnages. Celui de Valerie, une femme posée qui se laisse embarquer dans une nouvelle relation amoureuse, est sympathique. Le livre se lit agréablement, mais il dérange subtilement. La frontière ténue entre imagination et réalité met la lectrice ou le lecteur à l’épreuve. Car même quand la façade s’effrite, on préfère regarder la télévision et se perdre dans ses rêveries.
Née en 1970, Simone Meier a grandi en Argovie. Après avoir étudié la littérature allemande et américaine et l’histoire de l’art, elle a travaillé comme rédactrice à la rubrique culturelle de la «WochenZeitung WoZ» et du «Tages-Anzeiger». Aujourd’hui, elle travaille pour le portail d’informations Watson et vit à Zurich. «Kuss» est son troisième roman.
Simone Meier: «Kuss» (en allemand) Éd. Kein & Aber, Zurich 2019 256 pages; CHF 28.00, € env. 22.00
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