Berne a alors vécu une controverse publique passionnée. S’il fallait une preuve de plus du fait que Meret Oppenheim, connue dans le monde entier, se souciait comme d’une guigne de ce qu’on attendait d’elle, c’était bien cette fontaine. Près de 40 ans plus tard, le Kunstmuseum de Berne consacre à l’insaisissable artiste, qui a longtemps vécu dans la capitale fédérale, une rétrospective intitulée «Mon exposition», qui dévoile au public son œuvre sans limites dans toute sa diversité. Dans son travail, Meret Oppenheim s’est servi de presque tous les matériaux. Bien sûr, c’est la fourrure qui l’a rendue précocement célèbre, celle dont elle avait recouvert une tasse en 1936 – un objet qu’elle trouvait avant tout amusant, mais dont les critiques d’art tirèrent cependant les interprétations les plus échevelées.
Meret Oppenheim a été étiquetée «surréaliste». Mais visiter «Mon exposition», c’est être guidé à travers la création fascinante et unique en son genre d’une artiste qui ne voulait à aucun prix être mise dans une case.
«La liberté ne nous est pas donnée, il faut la prendre.»
Meret Elisabeth Oppenheim
* le 6 août 1913 à Charlottenburg, † le 15 novembre 1985 à Bâle
Et qui s’est battue contre de longues années de blocage créatif sans jamais perdre son regard ironique sur elle-même et sur la vie. «Ma gouvernante» est un petit objet qu’elle a créé, et qui présente deux escarpins sur un plateau d’argent, les talons enveloppés comme les pattes d’un poulet.
«La liberté ne nous est pas donnée, il faut la prendre», disait Meret Oppenheim. Elle n’a laissé personne l’empêcher de le faire. Tel était son art. Et cela lui aurait certainement plu que sa célèbre tasse en fourrure ne soit pas montrée dans «Mon exposition».
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