Écouté pour vous
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L’excitation était forte quand Anna Rossinelli annonça son projet: parcourir les États-Unis pendant trois mois avec son groupe, afin d’explorer les racines de la musique rock et se laisser inspirer par le gospel et le blues. Elle en immortaliserait ensuite, dans un studio à New York, le résultat dans un documentaire et un album.
Jusque-là, rien à redire. Mais la Bâloise a voulu financer son projet par le crowdfunding, ce qui revenait quasiment à partir en voyage avec l’argent de ses fans, d’où une vague d’indignation. Pourquoi devraient-ils financer son «voyage initiatique» aux États-Unis par des dizaines de milliers de francs? Les journaux se sont emparés du sujet et la chanteuse du groupe, pourtant rompue aux aléas du métier depuis le Concours Eurovision de la chanson, a commencé à se poser des questions.
Mais les fonds ont finalement pu être réunis, et Rossinelli et ses comparses musiciens, Manuel Meiser et Georg Dillier, ont pu entamer leur pèlerinage de l’autre côté de l’Atlantique. Ils ont chanté avec un chœur de gospel à Dallas, improvisé avec un musicien de rue à Los Angeles, écouté des brassbands à La Nouvelle-Orléans et même joué avec l’ancien claviériste de Joe Cocker. Ils ont rencontré quantité de musiciens et immortalisé ces instants sur leur nouvel album à Wall Street, laissant les moments les plus forts de leur périple imprégner leur musique.
L’album «Takes Two to Tango» révèle une Anna Rossinelli indéniablement plus mature. C’est l’œuvre d’une jeune femme qui oscille entre pop alternative et chansons d’auteur, et séduit par une voix incroyablement expressive, abandonnant ses airs de petite fille. Les dix chansons forment une œuvre à part entière, ce qui n’est pas évident vu la manière dont l’album est né. Et les enregistrements glanés au cours de leur voyage (chanteuses invitées, harmonicas, chœurs ou guitares) y sont discrètement intégrés, sans être une fin en soi. Néanmoins, «Takes Two To Tango» n’est pas un album aux sonorités plus américaines ou plus «noires» que ce à quoi Rossinelli nous avait habitués jusque-là. C’est un disque profondément suisse et, ce qui ne gâche rien, même un très bon. Mais la question de savoir si cet onéreux et controversé voyage aux États-Unis et toute l’agitation qui l’a entouré en valaient la peine reste ainsi sans réponse.
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