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La sprinteuse Mujinga Kambundji décroche les étoiles

01.07.2022 – MIRELLE GUGGENBÜHLER

La Bernoise Mujinga Kambundji est la nouvelle championne du monde en salle de sprint sur 60 mètres. Elle s’inscrit ainsi dans l’histoire du sport suisse, et incite toute une série de sprinteuses suisses à suivre son exemple.

Après avoir franchi la ligne d’arrivée, Mujinga Kambundji lève brièvement les bras au ciel, les croise derrière la tête puis regarde la caméra. Elle semble un peu incrédule. C’est que la Bernoise de 29 ans vient de devenir championne du monde en salle sur 60 mètres. Elle s’est imposée en 6,96 secondes aux Championnats du monde (CM) de 2022 à Belgrade, remportant la médaille d’or. Avec ce sacre, Mujinga Kambundji s’inscrit dans l’histoire du sport suisse. Seuls deux autres Suisses avant elle avaient décroché le titre de champion du monde en salle: le lanceur de poids Werner Günthör et la sprinteuse de haies Julie Baumann.

Pour en savoir plus sur le projet «Femme et sport d’élite»

Swiss Olympic s’attaque à des sujets tabous

Ancienne coureuse d’élite, Maja Neuenschwander dirige le projet «Femme et sport d’élite» à Swiss Olympic. Elle est passionnée par sa mission, mais une chose la réjouit particulièrement: les lettres qu’elle reçoit régulièrement de la part de parents ou d’athlètes qui la remercient ou lui racontent leur parcours personnel dans le sport d’élite. Car le projet «Femme et sport d’élite» a pour but d’apporter un soutien accru aux femmes dans le sport d’élite, que ce soit pour optimiser leurs performances ou préserver leur santé. L’idée du projet est de mettre davantage en avant des sujets comme l’entraînement, l’alimentation ou la récupération en tenant compte de la physiologie féminine.

À peine 6 % des études en sciences du sport (état: 2021) étaient consacrées à l’entraînement, à la récupération et au bien-être général des athlètes féminines, note Swiss Olympic au sujet du projet. Il manquait par conséquent des connaissances importantes et nécessaires sur la manière d’encourager et d’encadrer au mieux les femmes dans le sport.

Aborder des sujets tabous

«C’est pourquoi nous souhaitons sensibiliser l’entourage sportif des athlètes féminines à des sujets qui, jusqu’ici, ont été plutôt négligés», note Maja Neuenschwander. Des thématiques spécifiquement féminines, comme l’influence d’une limitation (malsaine) de l’apport énergétique, du cycle menstruel ou de la grossesse sur les performances sont, dit-elle, des sujets tabous. «Sur le plan physiologique et mental, les athlètes féminines sont souvent bien encadrées. Mais la volonté de se pencher sur des sujets spécifiquement féminins dans le sport d’élite n’est pas toujours au rendez-vous», souligne Maja Neuenschwander. Si les responsables de certains clubs sont tout à fait prêts, par exemple, à approfondir leur réflexion sur la physiologie féminine et les sujets qui y sont liés, d’autres clubs ont d’autres priorités.

L’instant de bonheur de la sprinteuse Mujinga Kambundji aux CM en salle en 2022 à Belgrade: elle jette d’abord un regard un peu incrédule autour d’elle avant de comprendre qu’elle a gagné. Photo: Keystone

Une concurrence acharnée

Le gain de ce titre aux CM en salle est, pour l’heure, l’apogée d’une carrière dans une discipline sportive qui se distingue par une forte densité d’excellentes athlètes. Mujinga Kambundji, qui ne répond actuellement à aucune question des médias, décrit la situation ainsi à la chaîne de télévision suisse SRF: «En athlétisme, et surtout en sprint, la concurrence est énorme. Tout le monde peut courir, il suffit d’une paire de chaussures et d’une piste». Elle se dit «fière» d’avoir remporté son premier titre aux CM dans ce contexte.

Mais des chaussures et une piste ne suffisent pas à une sprinteuse pour rivaliser sur le plan international. Il faut aussi réunir les conditions physiques et mentales pour cela, avoir du talent et maîtriser les aspects techniques de la discipline. Mujinga Kambundji possède déjà toutes ces qualités quand elle débute, adolescente, l’athlétisme au club de sport de la ville de Berne. Elle vit alors avec ses parents et ses trois sœurs à Köniz, fait des études au gymnase et s’entraîne pendant son temps libre. Elle devient de plus en plus rapide. À ce jour, elle a remporté quatre médailles en tant qu’athlète d’élite dans des compétitions internationales. À ce sujet, Mujinga Kambundji déclarait, après les CM en salle: «Plus je m’améliorais, plus mes objectifs s’élevaient.»

«Elle a la niaque»

Son talent n’est donc pas son seul atout. «Elle a la niaque et n’a jamais abandonné, même en cas d’échec», commente Maja Neuenschwander, cheffe du projet «Femme et sport d’élite» à Swiss Olympic.

Mujinga Kambundji n’est du reste pas la seule étoile au firmament de l’athlétisme suisse. Toute une série d’autres sprinteuses sont également très rapides en ce moment, et capables de faire le poids au niveau international. En 2021, par exemple, l’équipe féminine du 4 x 100 mètres est parvenue à se hisser en finale olympique.

Quelle est donc, outre un entraînement optimal, la raison du succès des sprinteuses suisses? Explication de Maja Neuenschwander: «Je crois que cela tient avant tout à un état d’esprit. Mujinga Kambundji l’a démontré: une Suissesse peut courir vite. Cela a fait l’effet d’une étincelle sur d’autres athlètes.»

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