Une « part crédible de connaissances sur la Suisse » et un morceau de patrie en plus
Interview avec Marc Lettau, rédacteur en chef de la « Revue Suisse »
Avec la « Revue Suisse », l'Organisation des Suisses de l'étranger (OSE) propose des informations de haute qualité à la communauté internationale des Suisses?ses de l'étranger. Le magazine indépendant de la « Cinquième Suisse », consacré à l'actualité de la Suisse et de sa diaspora, vient de rafraîchir son image. L'Organisation des Suisses de l'étranger a demandé à Marc Lettau, rédacteur en chef de la « Revue Suisse », ce qu'il en pensait : quelle est la particularité du magazine de l'OSE, comment sont déterminés les contenus et que propose l'édition de juillet sous sa nouvelle forme.
Marc Lettau, la « Revue Suisse » est le magazine des Suisses·ses de l'étranger. Gratuit, disponible en format papier ou en ligne, il est envoyé sur demande partout dans le monde sous forme de magazine imprimé. Que propose la « Revue Suisse » aux quelque 800'000 personnes de nationalité suisse vivant à l'étranger ?
La « Revue Suisse » est le reflet des événements qui se passent en Suisse pour la Swiss Community qui réside à l'étranger, et de la vie des Suisses·ses dans la diaspora. À cela s'ajoutent des informations officielles de la Confédération et des nouvelles sur les offres, services et activités de l'Organisation des Suisses de l'étranger (OSE).
Le magazine est édité par l’OSE. La « Revue Suisse » est-elle son porte-parole ?
L'OSE a édicté un statut rédactionnel basé sur la loi sur les étrangers. Celui-ci engage notre rédaction à être un média journalistique indépendant.
Nous interrogeons régulièrement nos lecteurs. Pour eux, la principale qualité de notre revue est sa crédibilité. La « Revue Suisse » veut non seulement être passionnante, mais aussi stimulante en délivrant une part crédible de connaissances sur la Suisse.
Pour quelle raison la « Revue Suisse » ne peut-elle remplir sa mission que comme média journalistique indépendant ?
Nous interrogeons régulièrement nos lecteurs. Pour eux, la principale qualité de notre revue est sa crédibilité. La « Revue Suisse » veut non seulement être passionnante, mais aussi stimulante en délivrant une part crédible de connaissances sur la Suisse.
Pour la « Cinquième Suisse », le lien avec la Suisse est fondateur d'identité. Cela ne passe pas par des mesures de relations publiques, mais en donnant une image authentique et tournée vers les autres de la Suisse, sans la « folkloriser », l'enjoliver ou la dénigrer. Avec la « Revue Suisse », l'Organisation des Suisses de l'étranger entre en dialogue avec les Suisses·ses et les associations suisses qui vivent dans de nombreux pays du monde et qui veulent en savoir plus sur l'un de leurs pays d'origine.
La « Revue Suisse » est publiée dans 13 éditions régionales différentes.
Précisément. Alors que la partie suprarégionale de la « Revue Suisse », que nous produisons à Berne, rend compte de ce qui se passe en Suisse et qui intéresse les Suisses·ses de l'étranger, les pages régionales du magazine, rédigées par les rédactions régionales à l'étranger, ont une autre fonction importante, elles sont le reflet de la vie de la communauté suisse sur place.
En tant que Suisse·sse à l'étranger, il y a deux moments qui forgent l'identité : c'est d'abord le lien avec la Suisse et ensuite, la proximité avec la communauté suisse à l'étranger. La « Revue Suisse » met l'accent sur ces deux aspects.
Pour l'été, la « Revue Suisse » a rafraîchi son image. Quelles sont les nouveautés ?
Tout d'abord, ce n'est pas devenu un magazine sur papier glacé, chic et épais. La « Revue Suisse » reste un magazine sobre. Ce qui est nouveau, c'est que nous avons amélioré le langage visuel, la mise en page est plus créative et le guidage du lecteur est plus clair. Nous utilisons un langage inclusif qui peut être compris par tous et nous avons épuré la revue.
Une revue épurée ?
C'était comme une grande opération de nettoyage : éliminer ce qui n'était pas nécessaire et définir comment classer et présenter les informations pour les rendre plus lisibles. Enfin, aérer le tout à fond. Au final, cela donne quelque chose qui n'est pas si différent, mais qui est plus agréable à lire.
Le divertissement est-il présent dans la « Revue Suisse » ?
Nous ne proposons pas de divertissement au sens strict du terme, mais comme je l'ai dit, nous souhaitons vraiment proposer des articles stimulants. C'est pourquoi nous publions par exemple des textes de type reportage.
Selon quels critères la rédaction choisit-elle le contenu de la « Revue Suisse » ?
Il y a deux critères de sélection : le sujet doit être encore d'actualité au moment de la parution. Ce n'est pas évident, car il faut compter deux à trois mois entre la planification et la publication d'un article. Le deuxième critère est le suivant : qu'est-ce qui est pertinent pour les Suisses·ses de l'étranger ? Par exemple, nous avons consacré un point fort à la guerre en Ukraine dans l'édition de juillet de la « Revue Suisse », tout en nous posant la question suivante : de quelle manière cet événement préoccupe-t-il la Suisse ? Comment réagit-elle à l'afflux de réfugiés et aux questions angoissantes que la guerre et ses conséquences suscitent chez nous ?
Comment avez-vous répondu à ces questions ?
Nous avons apporté deux réponses : premièrement, la Suisse est mise au défi par cette guerre, car elle joue un rôle important dans le commerce international du pétrole ; ce thème concerne l'économie et la politique suisses. Deuxièmement, beaucoup de nouveaux voisins parlent soudain russe ou ukrainien et cela concerne directement les habitants de la Suisse. Dans ce nouveau numéro, nous montrons d'une part, comment une culture de l'accueil s'est développée envers les réfugiés ukrainiens et d'autre part, combien cela est douloureux pour les demandeurs d'asile venus d'autres pays, car il existe en Suisse une inégalité de traitement des personnes selon leur pays d'origine.
La question de la neutralité fait actuellement l'objet d'un débat politique et public. Y a-t-il des analyses ou des articles d'opinion à ce sujet dans la nouvelle « Revue Suisse » ?
Non, bien qu'il s'agisse sans aucun doute d'un sujet très important. La discussion sur la direction que doit prendre la neutralité suisse est un discours politique ; le magazine de l'Organisation des Suisses de l'étranger n'a pas pour tâche première de s’en faire l’écho. Mais nous continuons bien sûr à suivre avec intérêt le débat sur la neutralité et nous reprendrons ce thème, s'il s'avère que l'attitude de la population suisse à l'égard de cette question commence à changer et que celle-ci s’avère pertinente pour les personnes vivant en Suisse.
Pour de nombreux Suisses·ses de l'étranger, le courrier en provenance de Suisse est en effet pratiquement le seul lien tangible avec leur patrie.
Une dernière question : pourquoi l'Organisation des Suisses de l'étranger (OSE) continue-t-elle à miser sur l'édition imprimée de son magazine pour la « Cinquième Suisse » en plus de la version en ligne ?
Il est vrai que l'édition imprimée de la « Revue Suisse » continue de jouer un rôle prépondérant et que nous atteignons ainsi quelque 300'000 lecteurs. En même temps, à chaque nouvelle édition du magazine, nous nous adressons à plus de 250'000 Suisses·ses de l'étranger via l'édition en ligne sur www.swisscommunity.org. Le chemin le plus court pour accéder aux contenus de la « Revue Suisse » reste d'ailleurs www.revue.ch.
Si l'OSE, qui édite la « Revue Suisse », investit dans une nouvelle mise en page de la version papier, c'est pour une seule raison : l'Organisation des Suisses de l'étranger sait que l'édition imprimée ne fournit pas seulement des informations importantes à de nombreux lecteurs, mais qu'elle a aussi une signification émotionnelle importante pour eux. Pour de nombreux Suisses·ses de l'étranger, le courrier en provenance de Suisse est en effet pratiquement le seul lien tangible avec leur patrie.
Entretien avec la journaliste : Anna Wegelin